Étude de cas
Impliquer les familles
Formation professionnelle.
Un jeune garçon de 16 ans, en formation professionnelle.
Luis a 16 ans. Ses deux parents travaillent. Sa mère fait des ménages et son père est employé de bureau. Il a une petite sœur. Ils habitent une maison d'un quartier périphérique.
Luis a toujours eu des difficultés de concentration, agité et distrait. Ne pouvant rester assis pendant une heure à écouter l'enseignant, il perturbe ses camarades de classe. Bien qu'étant plutôt doué, il a été orienté vers une voie professionnelle. Il a développé une attitude de rébellion et de défiance envers les personnes en situation d'autorité. Il est cependant charmant et amical avec ses amis. En raison de sa fermeté et d'une apparente confiance en lui, il est devenu le chef d'un petit groupe dont il oriente les comportements.
La relation avec ses parents a empiré, il ne parle pas à sa mère et rarement avec son père. La situation à la maison est insoutenable et Luis recherche des échappatoires, tant à l'école qu'avec ses amis. Avec eux, il semble qu'il revende de la drogue.
Dernièrement, Luis a participé à des manifestations et a déjà été arrêté pour actes de violence. Il a aussi été condamné à des amendes pour dommages au mobilier urbain (graffitis). Il a en effet d'excellentes aptitudes pour le dessin et la musique.
Luis a rencontré des psychologues, à l'initiative de ses parents, sans grands résultats et maintenant il refuse toute aide extérieure. La famille est désespérée par une situation qui a atteint sa limite et dont elle ne sait pas comment sortir. Elle craint que Luis ne tombe sous la coupe d'un réseau de personnes qui commettent des crimes et qu'il soit emprisonné.
Équipe d'enseignants, psychologue.
L'enseignant ne sait pas très bien comment amener Luis à accepter un rendez-vous avec un psychologue.
L'élève réagit de manière négative à cette proposition, et il persévère dans cette situation de rébellion. En situation d'échec, il joue le rôle de l'incompris et du révolté, ce qui le réaffirme dans son comportement.
L'équipe d'enseignants établit une stratégie à suivre pour l'accompagner. Ils se concentrent sur un renforcement positif, en le responsabilisant sur des tâches qui lui montrent que son travail est essentiel pour le groupe, qui le motivent en lui donnant la possibilité de faire des choses qu'il aime et pour lesquelles il a des aptitudes (par exemple, des bannières pour décorer la classe, l'organisation de la comédie musicale de fin d'année, etc.).
L'élève réagit positivement en acceptant les propositions qui sont faites. La confiance qu'il porte en lui augmente à mesure qu'il se rend compte qu'il y a beaucoup de choses qu'il est capable de faire, et que l'on reconnaît son travail.
Un enseignant contacte les parents pour voir comment Luis se comporte à la maison. Il partage avec eux la stratégie de renforcement positif afin que l'école et les parents aillent dans la même direction et qu'ils puissent vérifier s'il y a des signes d'amélioration.
Luis reçoit les mêmes encouragements chez lui qu'à l'école et cela a un effet positif. Les signes de radicalisation commencent à disparaître parce qu'il n'a plus besoin de canaliser sa colère, sa frustration et son mécontentement. Il commence à étudier avec de bons résultats qui, à leur tour, le font gagner en sécurité et confiance.
La relation entre l'école et les familles est cruciale pour le développement des élèves. Si dans les contextes vulnérables, il est parfois difficile de compter sur la famille, il est important de faire des efforts pour s'en rapprocher.
Il existe une relation entre l'échec scolaire et le comportement antisocial, qui peut conduire à différentes formes de radicalisation. De nombreux psychologues considèrent l'échec scolaire comme l'une des principales causes des comportements criminels. Il est la cause d'une faible estime de soi, génératrice de violence. D'autres facteurs amènent à des comportements déviants :
- l'appartenance à un groupe sans repères
- le rejet par les pairs
- le rejet de la famille
- les punitions corporelles
- le manque de contrôle parental
- l'absence de discipline familiale
- les handicaps sociaux.
Les écoles sont conscientes des écarts éventuels des élèves, et les enseignants s'efforcent d'identifier les signes avant-coureurs de radicalisation. Néanmoins, ils ne disposent pas toujours de toutes les informations requises, que la famille pourrait fournir.